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Un chercheur de l'UdeS fait une découverte majeure qui pourrait sauver plusieurs vies

Percer le mystère de la maladie de Hodgkin

Le professeur Hans Knecht explique la découverte prometteuse de son équipe.
Le professeur Hans Knecht explique la découverte prometteuse de son équipe.
Photo : Robert Dumont

19 mars 2009

Mathieu Courchesne

Hans Knecht a de quoi être heureux. Ce professeur de l'Université de Sherbrooke et ses collaborateurs ont réussi à comprendre le fonctionnement des cellules responsables de la maladie de Hodgkin. En plus de répondre à une question que se posent les médecins depuis une centaine d'années, cette découverte pourrait sauver plusieurs vies.

Depuis un bon moment, les chercheurs savent qu'une cellule nommée Reed-Sternberg est à l'origine de la maladie de Hodgkin, un cancer du système lymphatique qui atteint environ 850 personnes par année au Canada. Cependant, ils ignoraient bien des choses de cette cellule jusqu'à aujourd'hui. «Nous avons été en mesure de démontrer comment elle est formée et comment se déroule son processus de division», explique le professeur Hans Knecht.

Ses recherches, qui font l'objet d'un article dans la prestigieuse revue Leukemia, démontrent le rôle important des télomères, les extrémités des chromosomes, dans le développement et la mort de la cellule Reed-Sternberg. «Le mécanisme qui sécurise l'extrémité des chromosomes est visiblement dérangé, explique le professeur. La cellule veut toujours se diviser plus, mais en se divisant elle perd des télomères et finit par mourir. Avant sa mort, elle cause un dégât immense autour d'elle.»

Afin de percer le mystère de la cellule Reed-Sternberg, Hans Knecht et son équipe, composée des professeurs Raymund Wellinger et Bassem Sawan, ont reçu l'aide d'une spécialiste de l'Université du Manitoba, la professeure Sabine Mai. Grâce aux nanotechnologies, ils ont pu faire des observations en trois dimensions sur des lignées cellulaires et sur des biopsies provenant de patients atteints d'une forme très agressive de la maladie.

«C'est une approche complètement nouvelle, explique le chercheur. Grâce à la nouvelle technologie en 3D, nous avons pu voir les choses sous un angle différent, ce que nous n'aurions pas pu faire auparavant.»

Mieux comprendre pour mieux traiter

Si les chances de survie à la maladie de Hodgkin sont généralement bonnes, 12 à 15 % des malades, particulièrement des jeunes, réagissent encore mal aux traitements de chimiothérapie. «C'est terrible, s'exclame le professeur Hans Knecht. C'est pour eux que nous faisons ce travail. Si nous voulons avoir du succès dans le traitement, nous devons d'abord comprendre ce qui rend malade. Et c'est ce que nous sommes en train de faire.»

Déjà, des équipes travaillent à produire un traitement qui pourrait agir sur les télomères et ainsi aider la minorité de gens qui succombent encore à la maladie. Il pourrait donc y avoir de nouvelles avenues de traitement d'ici 5 à 10 ans.

Une découverte acclamée mondialement

Les recherches du professeur Hans Knecht et ses coéquipiers ont alerté la communauté scientifique. Lors d'une conférence à Cologne l'année dernière, il a épaté ses collègues en présentant des résultats qui étaient encore préliminaires.

En janvier, celui qui étudie la maladie de Hodgkin depuis maintenant 25 ans a reçu une lettre de son ancien directeur, le professeur allemand Karl Lennert, l'un des plus grands hématopathologues du dernier siècle. «Ce papier est un tabac; c'est un scoop, écrit Karl Lennert. Enfin, nous savons comment la cellule multinucléée de Reed-Sternberg est formée.»

Pour le professeur Hans Knecht, cette lettre confirme ce qu'il savait déjà : son travail aura une importance primordiale dans les années à venir. Et ses résultats ne sont qu'un point de départ vers d'autres recherches qui permettront peut-être un jour de comprendre parfaitement la maladie de Hodgkin.